Symcha Mojsze Frocht
Vita
(LEA) Frocht, Symcha Mojsze; geb. am 20.03.1893 in Lodz/Polen; 1922 aus Polen nach Frankreich (Metz) ausgewandert; 1932 nach Saarbrücken gezogen; 1935 zurück nach Frankreich emigriert; einige Jahre in Luneville wohnaft gewesen, danach in Troys; 1940 Flucht nach Lyon; nach der Besetzung Lyons 1942 Flucht in die Schweiz; Internierung in Büren und Basel, später im Arbeitslager Bonstetten und Champery; 1945 nach Lyon zurückgekehrt
Hutmacher
Wohnort als Antragsteller Lyon
AB Saarbrücken 1932/33: Frocht Simcha , Hutumpresserei, Keffenbrinstraße 27
AB Saarbrücken 1933/34: Frocht Simcha , Hutumpresserei, Hochstr. 38
AB Saarbrücken 1934/35: Frocht Simcha , Hutumpresserei, Hochstr. 38
(MA1) Ce jour de désespoir eut lieu pendant la guerre russo-polonaise, au cours de laquelle Simha, mon grand-père paternel, avait été kidnappé sur une route par des soldats de l'Armée rouge qui l'avaient déporté au paradis des Soviets pour le nommer comptable d'un Kombinat. Il ne retrouva sa liberté que dix ans plus tard. De retour à Szydłowiec, il apprit que les roubles qu'il avait économisés pendant toutes ces années n'avaient aucune valeur en Pologne. Cet homme instruit et polyglotte ne trouva aucun travail. S'étant résolu à faire le colporteur, il quitta sa maison chargé de marchandises en cuir. Sur la route, il fut dévalisé par des brigands qui le mirent à mal, resta alité pendant quelques semaines, puis contracta le typhus dans la sinistre et misérable Pologne indépendante des années 20, qui avait institué le boycott économique des Juifs.
Au retour de la synagogue, le soir de shabbat, Simha mangeait seul le kroupnik (soupe) préparé par son épouse, abandonnant à ses enfants le fond de la marmite qu'ils léchaient assis, tous en rond, comme dans « Les effarés », poème de Rimbaud.
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,
À genoux, cinq petits - misère - !
Regardent le boulanger faire l
Le lourd pain blond...
Le lendemain, alors que le jour se levait, mon père, qui n'avait que dix ans, partait travailler dans les fabriques de chaussures jusqu'à dix heures du soir.
Q: Myriam Anissimov, Oublie-moi cinq minutes!, Paris (Seuil) 2021, S. 32-33
Notes
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